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La vallée des Aït Bougmez

blog Maroc – vallée des Ait Bougmez
Les habitants de la vallée témoignent d'une hospitalité sincère et d'une simplicité contagieuse.

Par Laurie

4 avr. 2018

Située à l'est de Marrakech, la vallée des Aït Bougmez est un lieu magique que l’on voudrait garder rien que pour soi. Non pour conserver égoïstement son secret, jalousement gardé par les Berbères, mais bien pour la préserver des affres du tourisme de masse. Car lors d'un circuit au Maroc, on se rend compte que peu d’endroits ont conservé des liens aussi étroits avec la nature que la bien nommée « vallée heureuse ». Une bulle d’humilité et d’essentiel où il fait bon prendre son temps. 

Atteindre la vallée des Aït Bougmez, ça se mérite !

De Rabat, la vallée des Aït Bougmez fait souvent figure de destination inaccessible, voire inconnue. « C’est où ça ? », me rétorquent mes amis lorsque je leur évoque mon intention d'aller y faire un tour. C’est qu’il faut en voir du paysage pour poser ses valises dans cette enclave berbère. Depuis la capitale du Maroc, le périple est émaillé de pièges (les radars), de virages de montagnes, de rubans d'asphalte approximatifs, de nids-de-poule et même... de poules !

La partie la plus éprouvante du voyage se dessine à partir d'Azilal, ville la plus proche de la vallée. Mais c'est aussi la plus belle... Tout au long de la route se succèdent paysages sauvages sertis de montagnes, de forêts de pins d’Alep et d’oasis de verdure égrainées ça et là de villages isolés. La tentation de s’arrêter à chaque virage est vive tant ces terres, tout en mouvement, accrochent le regard.

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La route qui mène à la vallée des Aït Bougmez serpente à travers les montagnes. © Laurie Arnauné

Une vallée enclavée entre les géants de l'Atlas

Passé le village de Tiourhza, nous arrivons aux abords de la bien-nommée « vallée heureuse », pas peu fiers de l'avoir (enfin) trouvée au terme de 7 heures de route. Nous comprendrons par la suite que cet enclavement relatif (l’arrivée du goudron et de l’électricité ne date que de quelques années) lui ont permis de conserver intacts sa culture, son mode de vie et sa nature.

Reste alors à longer le ruban fertile de la vallée, qui déploie ses cultures irriguées à 1800 mètres d’altitude, sous le regard bienveillant des géants du Haut-Atlas central. Déjà conquis avant même d'arriver à destination, nous laissons l’altitude emplir les moindres cellules de notre corps d’un vent profond de sérénité berbère. L’air possède comme un avant-goût de sobriété heureuse.

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Dans cette vallée fertile à l'abri du progrès technologique, l'agriculture n'est pas encore mécanisée. © Laurie Arnauné

Éloge de la sobriété dans les Aït Bougmez

Arrivés dans le village de Tabant, nous posons nos valises à l'auberge Dar Si Hamou, au confort simple et rustique. C'est là que nous comprenons que la « vallée heureuse » mérite son surnom. Car chaque instant voit l’expression du bonheur grandir en moi. D'abord grâce à la nature, tout en majesté, bénie des dieux de la géologie et du trek. Généreuse, riante et nourricière, elle renferme le pouvoir de nous unir instantanément à sa beauté.

Et puis il y a la vie dans la vallée. Cette vie rude, précaire et communautaire qui dans certains villages ne semble pas avoir changé depuis le XIXe siècle. Pas de tracteurs, de sophistications agricoles ou de connexion haut-débit dans les Aït Bougmez ! Ici, les charrues sont tirées par des mulets, les lessives faites à la main et les denrées transportées à dos de mule.

On est bien loin de sa zone de confort, et pourtant… « Je ne pus m'empêcher de demander à côté de notre hôte une question qui me brûlait les lèvres, comment se faisait-il que les gens de ces contrées froides, si montagneuses, fussent si bien lotis en avoir et en savoir ? », racontait Amin Maalouf à propos de la vallée dans son roman Léon l'Africain.

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La vie dans la vallée des Aït Bougmez est rude, précaire et communautaire. © Laurie Arnauné

Bienvenue dans le temple du slow tourisme

Car les sourires sont bien là, l’hospitalité bien sincère et le superflu bien vite oublié. Immergé dans cette bulle d’humilité et d’essentiel, on sent les forces vives de la vie nous reconnecter à un biorythme jusque-là oublié. Principal responsable ? Le temps. Ce temps si précieux, ce temps si rarement conjugué au présent, ce temps qui bien souvent nous échappe. À croire que le concept de Slow Tourisme est né ici.

Ici nous ne sommes pas soumis à la dictature de la vitesse et de la convoitise, mais bien au rythme des saisons, des récoltes et des mouvements de l’astre solaire dans le ciel. Ce temps offert en partage par les habitants de vallée est l’un des plus beaux présents. À condition bien sûr de savoir en faire bon usage : marcher, s’arrêter, observer, comprendre, écouter, échanger... avant de partager à son tour. Car, vous l’avez compris, on ne consomme pas la « vallée heureuse ». On la vit. 

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Le hammam des Aït Bougmez est une nouvelle invitation à prendre son temps. © Laurie Arnauné
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Les habitants de la vallée utilisent des mules pour porter leurs affaires. © Laurie Arnauné
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Infos pratiques

  • Distances : Depuis Marrakech : 235 km (compter 4 h 15 de route). Depuis Azilal : 85 km (compter 2 h de route).
  • Comment s'y rendre : Depuis le village de Aït M’hamed (à 20 km d’Azilal), deux accès mènent à la vallée des Aït Bougmez : la route « goudronnée », plus longue et praticable en voiture de tourisme ; la piste, plus courte et réservée aux véhicules tout terrain.
  • Précautions : N’oubliez pas de retirer de l’argent et faire le plein d’essence avant de vous engager dans la vallée, au risque de rentrer de votre voyage… à dos de mule ! Les stations-service et les agences bancaires les plus proches se situent à Azilal et Demnate.
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