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Le Chellah à Rabat

Par Laurie

7 févr. 2018

Planté à quelques pas des remparts almohades de Rabat, le Chellah est souvent présenté comme le site le plus romantique du Maroc. Partons vérifier ces dires à l’occasion d’une romance photo dans l’ancienne nécropole mérinide. Un billet sponsorisé par les cigognes volubiles du Chellah de Rabat qui accompagnent rythmiquement la visite à l'heure du crépuscule. Clap, clap, clap...

Le Chellah : une ancienne cité romaine...

Difficile à imaginer à première vue et pourtant, on est bien ici sur les vestiges de la ville romaine de Sala Colonia. Si les fouilles ont révélé les restes d’un decumanus maximus (voie principale), d’un forum, d’un arc de triomphe, d’une fontaine monumentale et de thermes, il faut néanmoins faire preuve d’imagination pour tenter de reconstituer le puzzle historique…

... transformée en nécropole mérinide au XIIIe s.

C’est le premier sultan mérinide Abou Youssef Yacoub qui choisit l’enceinte de l’ancienne cité romaine de Sala Colonia pour édifier la nécropole royale. Bâtie au XIIIe, la cité des morts des Mérinides a été agrandie au cours du siècle suivant par le sultan Abou el Hassan. Le complexe funéraire abritait une mosquée, une salle d’ablution, une zaouïa, un minaret et plusieurs pierres tombales regroupées par famille et toujours visibles de nos jours. Chems el Doha ou « soleil du matin » dite Lalla Chellah, esclave chrétienne convertie à l’Islam y repose auprès de son époux le sultan Abou el Hassan.

Encerclée de remparts crénelés

Les murailles du Chellah se sont offert un joli lifting en 2016. Le puissant ouvrage, flanqué de bastions est percé de trois portes, dont une porte monumentale qui impose au regard. Dès Bab Chellah franchie, on entre dans une autre dimension spatio-temporelle… L’allée en escalier, embaumée par la fraîcheur et la végétation dirige les pas des curieux vers les vestiges de l’antiquité et de l’histoire. Les contemplatifs ne sont pas en reste : à mi-chemin, une terrasse panoramique s’ouvre sur les nuances vertes de la vallée du Bou Regreg ou se détachent au premier-plan les monuments des civilisations d’antan. Un pur moment de délectation sensorielle !

Membre du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012

Abandonné par ses sultans qui lui préféraient Fès et secoué par le tremblement de terre de Lisbonne en 1755, le site du Chellah a souffert… Mais cela ne l’a pas empêché de se relever. Le site fréquenté par les voyageurs de passage lors d'un séjour au Maroc, les flâneurs et les écoles locales, prête son décor à des événements musicaux et culturels d’envergure à l’instar du festival Jazz au Chellah. En 2012, le Chellah a eu la chance d’être consacré membre du patrimoine mondial de l’UNESCO conjointement avec la kasbah des Oudayas, la tour Hassan, la ville nouvelle, le jardin d’Essais et la médina de Rabat.

Le paradis des chats et des cigognes

Si les sultans d’antan ont abandonné le site, les cigognes du Maroc, elles lui vouent une fidélité absolue. À la tombée du jour, les majestueux volatiles au plumage blanc et aux rémiges noires font redoubler les concertos en bec majeurs d’intensité et confèrent au crépuscule sur le Chellah une aura mystique et éternelle. En journée, place aux colonies de chats qui veillent indolemment sur les vestiges de l’histoire… La nécropole leur offre un avant-gout de Paradis…

Un havre de fraîcheur et de tranquillité

Le Chellah se trouve à deux pas de l’effervescence du centre-ville et de la route des Zaërs, et pourtant, que les affres de la vie urbaine semblent loin ! Dès la porte monumentale franchie, on se sent envahi par un sentiment d’abandon et d’oubli. La vue panoramique, les arbres centenaires, les hérons garde-bœufs, les cigognes et les chats ne sont pas étrangers à l’atmosphère  de quiétude qui règne dans l’enceinte du Chellah. Derrière le complexe funéraire, un jardin aux airs de jungle semble préfigurer le paradis (sur terre !) de bougainvilliers, de figuiers, d’hibiscus, d’orangers, de flamboyants, de rosiers, de papyrus, de roseaux. Espérons que la route (en construction) qui contournera prochainement le site ne le dénaturera pas...

Légendes et marabouts

Plusieurs marabouts sont nichés dans le bosquet qui s’élève au-dessus de la nécropole. Y sont enterrés des savants, des médecins et des lettrés détenteurs de la « baraka ». Non loin de là, un sentier mène à un curieux bassin aux anguilles colonisé par les chats. On dit qu’il était alimenté par une source miraculeuse et que les femmes infertiles y jetaient des coquilles d’œufs, comme offrandes dans l’espoir d’enfanter.
Clap, clap, clap… de fin !
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