À bouquiner, à regarder en Turquie
Un romancier et sa ville
Pour évoquer Istanbul, sa ville natale, Orhan Pamuk, écrivain distingué par le Prix Nobel en 2006, se fait historien minutieux et chantre de l’hüzün, un état d’esprit proprement turc et proche de la mélancolie. Dans son autobiographie Istanbul. Souvenirs d’une ville parue en France en 2007, il se remémore la ville de son enfance, dessinant ainsi le portrait fascinant d'une métropole en déclin. Tout aussi prenant est Le musée de l’Innocence (2011), grand roman nostalgique sur l’amour, le désir et l’absence. Parallèlement à son écriture, Orhan Pamuk a mené une réflexion sur l’ouverture d’un musée inspiré par l’histoire qu’il écrivait. Ce musée a ouvert en 2012 à Istanbul… pour le plus grand bonheur des lecteurs en voyage en Turquie.
Cherchez la femme
Victimes de la dérive autoritaire du régime, les femmes turques ont choisi le terrain de la culture pour lutter pour leur émancipation. C’est le cas de la romancière Elif Shafak, qui retrace dans 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange (2020), la vie de Tequila Leila, une prostituée assassinée, donnant ainsi la voix à celles qu’on n’entend pas. Au cinéma, Mustang de Deniz Gamze Ergüven (2015) avait marqué les esprits. Tout comme Clair-obscur de Yesim Ustaoglu (2016), il y est question de privation de liberté dans l’espace privé du foyer et de désir d’y échapper. Et dans la série L'Ombre de Fatma de Özgür Önurme (2021, 1 saison), une femme de ménage malmenée par la vie se mue en tueuse impitoyable.