L'environnement en Indonésie
L’Indonésie, riche de ses forêts tropicales et de sa biodiversité, est à un tournant : la pression conjointe de la déforestation, de la pollution et de la mauvaise gestion des déchets menace ses écosystèmes et sa population.
Accélération de la déforestation malgré les promesses
L’Indonésie abrite l’une des plus grandes forêts tropicales au monde, mais sa destruction repart fortement à la hausse. Cette déforestation rapide est largement attribuée à l’expansion des plantations (huile de palme, papier), à l’exploitation minière (notamment le nickel), ainsi qu’au défrichement illégal. Selon l’ONG Auriga Nusantara, 261 575 hectares de forêts ont été perdues en 2024, soit 4 000 de plus qu’en 2023.
Par ailleurs, les incendies continuent de jouer un rôle important : selon Greenpeace, en 2023, 1,16 million d’hectares ont été touchés par des feux, dont des tourbières, contribuant de façon massive aux émissions de CO₂. Cette situation montre le fossé entre les ambitions « zéro déforestation » d’ici 2030 annoncées par l’Indonésie et la réalité : le pays peine à respecter ses engagements face à des intérêts économiques puissants.
Pollution de l’eau, déchets plastiques et dégradation des ressources
Un des défis majeurs pour l’Indonésie est la gestion des déchets, en particulier plastiques. Le pays figure parmi les plus gros émetteurs de déchets plastiques marins : selon la Direction générale du Trésor français, des millions de tonnes de plastique sont mal gérées, faute de filière efficace sur tout l’archipel.
L’industrie du tourisme, notamment dans les zones très fréquentées comme Bali, exerce une pression considérable sur l’eau : certains hôtels haut de gamme consomment jusqu’à plusieurs centaines de litres par jour et par chambre, privant souvent les populations. De plus, les infrastructures de collecte des déchets sont souvent insuffisantes, et beaucoup finissent dans les rivières ou la mer. Par exemple, l’association Sungai Watch installent des barrières dans les rivières à Bali pour piéger le plastique et la start-up Evoware créé des emballages comestibles.
Initiatives et perspectives
Face à l’ampleur des pressions environnementales, l’Indonésie tente d’améliorer sa gouvernance écologique, tout en s’appuyant sur un tissu actif d’ONG et d’initiatives citoyennes. Mais le pays reste confronté à des défis structurels : corruption locale, application inégale des lois, concurrence entre administrations et poids des intérêts industriels.
Le plan national de lutte contre la pollution plastique (2017 - 2025) constitue l’un des piliers de cette stratégie. Il prévoit l’instauration de taxes sur certains plastiques à usage unique, notamment dans les zones touristiques les plus exposées, ainsi que le développement de filières de recyclage. Sur le terrain, les associations jouent un rôle essentiel : à Bali, des organisations comme Peduli Alam, Eco-Bali Recycling ou Bali Focus mènent des campagnes de sensibilisation, organisent des collectes de déchets et expérimentent des solutions locales pour réduire la pollution, en coopération avec les villages et les écoles.
Concernant la protection des forêts, le gouvernement a renforcé la surveillance des incendies, l’encadrement des concessions agricoles et la lutte contre les abattages illégaux. Toutefois, l’application des lois demeure hétérogène, en particulier dans les régions isolées où le trafic de bois précieux — teck, palissandre, bois d'aigle — reste difficile à contrôler.
Sources : Forest Declaration Assessment, 2024 | Le Monde, 2024 | Trésor Public, 2019
