À bouquiner, à regarder à Bali
Littérature et mémoire d’une île
Pour saisir Bali au-delà des temples photogéniques, la littérature offre un accès privilégié à l’âme de l’île. Le Voyage du poète. Nouvelles et poèmes de l’intranquillité (2010) de Putu Oka Sukanta en est un exemple majeur : écrit par un intellectuel balinais persécuté sous le régime de Soeharto, ce recueil dévoile une période sombre souvent méconnue. Le Goût de Bali (2005) de Sébastien Ortiz compile des textes d’auteurs qui explorent mythes, croyances et paysages sacrés — une lecture à picorer avant le voyage à Bali pour s’imprégner doucement de la magie de l’île. Enfin, Sang et volupté à Bali (1936) de Vicki Baum, roman nourri de manuscrits anciens, retrace la conquête de l’île par les Hollandais à travers le destin de trois personnages. Ensemble, ces œuvres esquissent un Bali pluriel, où l’histoire, la culture et la spiritualité se tissent en filigrane.
Regards de cinéma sur l’île des Dieux
Le film indépendant On Mother’s Head de Kusuma Widjadja Putu (2013) peint un portrait rare et authentique de la vie locale, captant gestes simples, traditions et atmosphères que le tourisme occulte souvent. Dans un tout autre registre, la romance hollywoodienne Mange, prie, aime (Ryan Murphy, 2010), adaptation du best-seller d’Elizabeth Gilbert, montre un Bali lumineux qui devient la dernière étape du cheminement intérieur de son héroïne. Le cinéma français s’invite lui aussi sur l’île avec Toute la beauté du monde (Marc Esposito, 2006), qui fait des paysages balinais un véritable décor narratif : jungles, temples baignés de brume et plages dorées où les émotions s’amplifient. Ces films composent un triptyque de regards ; celui des Balinais eux-mêmes, celui des voyageurs qui cherchent un ailleurs, et celui des réalisateurs fascinés par la beauté de l’île.
