À bouquiner, regarder en Ouganda

Le temps hollywoodien de l’African Queen de John Huston qui filmait les chutes de Murchison en 1951 est révolu. Au cinéma, l’Ouganda montre ses cicatrices et ses combats.

Trois primatologues ont permis au monde entier de mieux comprendre les singes : Jane Goohall avec les chimpanzés en Tanzania, Biruté Galdikas avec les orang-outans de Bornéo et Dian Fossey avec les gorilles de montagne au Rwanda, à la frontière de l’Ouganda.  Américaine, Dian a passé 13 ans en immersion totale parmi ses grands primates auparavant complètement méconnus. Elle a été assassinée en 1985, probablement par des partisans d’un développement plus touristique de la forêt. Les Gorilles dans la brume de Dian Fossey, 1983, raconte sa passion. Il a été adapté au cinéma avec Sigourney Weaver dans le rôle de l’aventurière. J.-P. Noël et B. Ciccolini ont écrit sa biographie en bande-dessinée, Dian Fossey, parue en 2012. Ma vie avec les chimpanzés de Jane Goodhall, 1989, passionnera ceux qui partent à la découverte de nos sympathiques cousins dans la réserve de Kibale.

Le film qui rend le mieux hommage à l’Ouganda est probablement Queen of Katwe, produit par Disney et sorti en 2016. Réalisé par Mira Nair, le film raconte l’histoire vraie de Phiona Mutesi, jeune prodige des échecs qui a pu extraire toute sa famille de l’horreur du bidonville de Katwe, à Kampala. Soutenue à sa façon par sa mère (incarnée par l’actrice oscarisée  Lupita Nyong'o) et par son mentor, Mr Katendé (David Oyelowo, grand acteur anglo-nigérian), la jeune Phiona est interprétée par une actrice ultra-douée : Madina Nalwanga, née en 2002,  qui a elle-même grandi à Katwe. Le film donne une vision rude mais juste de la résilience ougandaise. 

Le dernier roi d’Écosse, de K. MacDonald, 2006, montre la façon dont Amin Dada, qui s’était présenté d’abord aux Ougandais comme un libérateur du joug britannique, a tourné casaque en quelques mois pour devenir un des dictateurs les plus sanglants d’Afrique. Auto-proclamé roi d’Écosse, la folie et la mégalomanie du personnage sont hallucinantes. Le film est servi par l’interprétation époustouflante de Forest Whitaker qui reçut pour ce rôle l’Oscar du meilleur acteur.

Documentaire écologiste, Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, 2005, a alerté l’opinion mondiale sur la tragédie de l’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria. Introduit à la demande des pêcheurs de façon totalement irraisonnée, ce poisson géant prisé des consommateurs occidentaux a en effet complètement détruit les espèces existantes. Ce drame est l’un des exemples des ravages de la mondialisation.