L'ex-concession française

Hong Kong, Canton, Shanghai… Autant de villes portuaires et commerciales chinoises à avoir suscité la convoitise des puissances occidentales, conduisant aux fameuses guerres de l’opium. De la défaite chinoise s’ensuit une série de traités inégaux et l’attribution de concessions au Royaume-Uni, à la Russie, aux États-Unis et à la France. Cette dernière hérita en 1949 d’un territoire marécageux à l’ouest de la vieille ville, où furent progressivement construits des allées bordées de platanes, de grandes bâtisses européennes et des ruelles typiquement shanghaiennes, les lilong. La concession acquit une réputation sulfureuse en laissant coexister bordels, salles de jeux, fumeries d’opium et autres activités mafieuses shanghaiennes.

Les lilong, aussi appelées longtang, sont le principal attrait de l’ancienne concession française et un syncrétisme parfait entre les deux cultures chinoise et occidentale. Ces îlots de ruelles étroites ne sont pas sans rappeler les hutong pékinois, tandis que les demeures en brique (shikumen) évoquent aussi bien les maisons de ville qu’on peut trouver en Europe que l’architecture traditionnelle du Jiangnan, région historique des environs de Shanghai. L’un des quartiers les plus prisés des voyageurs est celui de Xintiandi, très bien restauré mais qui a nettement perdu de son authenticité avec ses cafés branchés et grandes enseignes commerciales. Celui de Tianzifang (Taikang Lu) est plus charmant car moins touristique et rempli de boutiques de créateurs chinois. Mais pour voir un lilong dans son jus, le mieux est de se rendre dans la Cité Bourgogne, juste à l’ouest de Tianzifang, et de se promener parmi ses habitants.

En dehors des lilong, on peut se promener sur l’avenue Huaihai, anciennement « avenue Joffre », aujourd’hui bordée de boutiques de luxe. Ses platanes, appelés « arbre parasol français » en chinois, rappellent bien son passé français, de même que certaines bâtisses. Bien plus calme, le parc Fuxing est l’un des meilleurs espaces verts de Shanghai pour observer les locaux s’exerçant au tai-chi ou au cerf-volant devant les bassins à la chinoise ou les parterres de fleurs à la française.