À bouquiner, à regarder en Martinique
Chantres de la créolité
Apparu dans les années 1980, le mouvement de la créolité s’enracine dans la langue créole, et défend les valeurs et spécificités de la culture antillaise. Son manifeste Éloge de la créolité (1989) est signé Raphaël Confiant, Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau. On doit au premier, explorateur infatigable de la mémoire des Antilles, le cycle romanesque de la « comédie créole » regroupant des romans tels que Le Bataillon créole (2013) ou Le Bal de la rue Blomet (2023)… Patrick Chamoiseau est l’auteur de Texaco (1992), un roman porté par une langue unique, mêlant le français et le créole. Paru en 2002, Biblique des derniers gestes rappelle par son foisonnement la jungle de Martinique. On s’y fraie un chemin guidé par son auteur, le « marqueur de paroles ».
Pionnière du cinéma
Elle est la première femme cinéaste à recevoir un César et son travail lui a valu plus de vingt récompenses à l’international. Mais celle qui a fait du cinéma parce qu’elle en avait « ras-le-bol de ne pas nous [les Antillais, n.d.l.r.] voir à l’écran » reste méconnue en métropole. Pour (re)découvrir la réalisatrice Euzhan Palcy, on commencera par Rue Cases-Nègres (1983). Adapté du roman de Joseph Zobel, qu’elle avait adoré adolescente, le film fait revivre la Martinique des années 1930, celle que lui racontaient ses grands-parents mais qui restait absente des livres de classe. Plus récent et plus enjoué, Siméon (1992) est un hommage à la culture afro-caribéenne et un long-métrage inclassable, à la fois comédie musicale et film fantastique. Il met en scène des membres du groupe Kassav’ et raconte l’histoire de Siméon, qui rêve de créer une musique créole aussi populaire que le jazz ou le reggae. Sa mort accidentelle compromettra-t-elle ce beau projet ?
