Conseils pour se fondre dans le décor
1. Révisez votre histoire
Des invasions pirates du XVIe siècle aux révoltes d’esclaves, en passant par le système colonial institutionnalisé, l’histoire de la Martinique est loin d’être un long fleuve tranquille. Parce que la connaissance du passé aide à comprendre le présent et lutter contre les discriminations, de nombreux lieux de mémoire parsèment le territoire, et nous vous invitons à les découvrir pendant votre circuit en Martinique. Ainsi du jardin An Mao, qui occupe l'espace qu'ont habité esclaves marrons et affranchis. Particulièrement poignant est aussi le mémorial Cap 110 à Anse Caffard, là où un navire négrier fit naufrage en 1830. En souvenir de ce drame, 15 bustes de 2,50 m contemplent la mer, leur regard voilé par le deuil, leurs épaules ployant pour l’éternité sous le poids de la tragédie.
2. Vivez la Martinique masala
Les « travailleurs engagés » sont arrivés des Indes à partir de 1853 pour pallier le manque de main-d’œuvre consécutif à l’abolition de l’esclavage. Certains quittèrent la Martinique à la fin de leur contrat, mais d’autres firent le choix de s’y installer. Et leur descendance a contribué à la culture martiniquaise de bien des manières. Ainsi, vous croiserez peut-être pendant votre voyage en Martinique des temples honorant certains dieux du panthéon indien, à l’instar de Mariamman, déesse de la pluie et de la fertilité. Autre apport indien : le tissu madras. Cette cotonnade colorée présente sur toute l’île est née à Chennai, une ville d’Inde autrefois appelée Madras. La Martinique masala se vit enfin et surtout dans l’assiette, le colombo s’inspirant directement du curry.
3. Faites la tête
À la robe en tissu madras, s’ajoutent quelques accessoires indispensables pour les élégantes de Martinique souhaitant revêtir la tenue traditionnelle. Parmi eux la fameuse « tête », une coiffe confectionnée à l’aide d’un foulard en madras artistement noué, survivance d’une époque où les femmes devaient se couvrir la tête, mais où le port du chapeau était exclusivement l’apanage des femmes blanches. Les Martiniquaises ont alors pris l’habitude de poser un carré de tissu bien amidonné sur leur tête, puis de l’attacher solidement à l’arrière, avant de croiser les deux bouts et de les faire revenir en avant. Selon la tradition, le nombre de pointes de la coiffe antillaise révèle la situation amoureuse de la personne qui la porte… Ainsi, une pointe signifie « cœur à prendre », deux pointes signifient « cœur déjà pris mais vous pouvez tenter votre chance », trois pointes signifient « femme mariée » et quatre pointes signifient « il y a de la place pour qui le désire ». Vous voilà prévenu.
4. Découvrez la yole
Voici une tradition qui risque de vous faire chavirer. Bateau traditionnel, la yole ronde est formée d’une coque de 10,5 m de long surmontée d’une voile pouvant atteindre la surface de 100 m². Aujourd’hui, cette embarcation donne lieu au sport nautique préféré des Martiniquais. La saison sportive culmine d’ailleurs à l’occasion du Tour des yoles, une course à étapes qui se tient chaque année fin juillet-début août. Il faut dire que les techniques de navigation sont spectaculaires. À bord, jusqu’à 15 hommes peuvent être nécessaires pour manœuvrer le bateau. Chacun a un rôle bien précis : un patron gère trois barreurs, deux écouteurs (qui écopent), ainsi que neuf bois dressés. Ces derniers équilibrent le bateau par grand vent en se suspendant au bout de longues pièces en bois, risquant de tomber à l’eau à tout moment. Mais la passion pour la yole reste intacte sur l’île. Il faut dire qu’au temps de l’exploitation de la canne à sucre, naviguer était interdit aux Martiniquais.
